1522

Concession de Longeborgne par la communauté de Bramois à des frères franciscains.

L’ermitage de Longeborgne perché tout là-haut dans les rochers

Placé sous le patronat de la ville de Sion dès 1699 et de la seule Bourgeoisie, depuis la séparation entre commune municipale et bourgeoisiale en 1854, et ce jusqu’en 1932, l’ermitage de Longeborgne est un lieu de pèlerinage niché dans les rochers, à l’entrée du Val d’Hérens, le long de la Borgne, accessible depuis le village de Bramois par un sentier escarpé. Il a aussi été une source d’inspiration presque inépuisable pour les artistes, peintres et photographes. L’écrin de sa chapelle accueille une riche collection d’ex-votos, dont le plus ancien remonte à 1662. Le patronage implique que la Bourgeoisie de Sion assume la responsabilité de l’administration des chapelles, la nomination des ermites et l’entretien des bâtiments, avec les dépenses qui en découlent.

Or, les archives de la Bourgeoisie de Sion conservent le plus ancien document à mentionner Longeborgne et ses cavernes. Daté du 15 juin 1522, ce parchemin nous rapporte la cession de ce lieu accordée par les hommes de Bramois à une petite communauté franciscaine. En effet, emmenés par le châtelain Maurice Perrers et poussés par la pitié et la piété, les habitants de Bramois donnent au frère Jean Bossié, profès de l’ordre des frères mineurs, et à ses confrères, les cavernes ou grottes de Longeborgne – appelées balmae ou cavernae en Longyborny – situées sur leur territoire. Ils pourront y construire des oratoires dédiés à Notre-Dame et à saint François d’Assise ainsi que des édifices nécessaires à leur subsistance.

Les Bramoisiens posent cependant plusieurs conditions: ces grottes devront leur servir d’abri en cas de guerre. Longeborgne jouait donc le rôle d’une sorte d’abri de protection civile avant l’heure ! D’autres exigences s’ajoutent encore : le nombre de frères de la future communauté n’excédera pas sept; les franciscains n’entreront pas en concurrence avec l’église paroissiale, en recevant par exemple des sépultures, des legs, revenus et propriétés; si l’un des frères vient à commettre un acte répréhensible, il pourra, à la demande de la communauté de Bramois, être chassé; enfin, s’il ne devait subsister aucun frère, les lieux reviendront automatiquement aux habitants du village.

Et c’est sans doute ce qui arrive, car il ne subsiste aucune autre trace écrite de cette communauté primitive. Sans doute, les frères sont-ils tous morts. Accident ou épidémie? Plus tard, François Legras, originaire de Troyes en Champagne, s’installe comme ermite dans les bâtiments abandonnés. Par la suite, plusieurs ermites se succèdent et le sanctuaire devient au fil du temps un lieu de pèlerinage réputé. Désormais, la Bourgeoisie de Sion a remis tous les droits et charges sur Longeborgne aux bénédictins de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais.

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion