1842

Rapport sur les écoles primaires de la ville de Sion adressé au Conseil bourgeoisial

Compte-rendu au Conseil bourgeoisial d’une visite des écoles de la ville de Sion

En novembre 1842, le conseiller Antoine de Lavallaz, membre de la commission des classes, écrit un rapport au reste du Conseil sur la situation des écoles primaires à Sion. Depuis 1818, la Bourgeoisie de Sion s’occupe en effet de l’administration des écoles primaires de la ville, nouvellement organisées sous l’impulsion du chanoine Joseph-Antoine Berchtold, curé de Sion. Son préambule expose les bienfaits de l’instruction pour la jeunesse. Il brosse le portrait de cette école bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui : le clergé y exerce encore un rôle d’enseignement et de surveillance très marqué et l’École Normale, assurant la formation des enseignants, n’existe pas encore !

 

Il énumère tout d’abord quelques-uns des enseignants, presque tous des religieux ou religieuses Ursulines, louant leurs qualités pédagogiques. Puis, il souligne la particularité de l’instruction en ville de Sion, puisque les langues allemande et française s’enseignent simultanément, permettant ainsi aux élèves d’apprendre les deux langues. Un bienfait encore largement reconnu et remis au goût du jour dans les classes bilingues de la ville de Sion ! Il reconnaît toutefois que les classes françaises comptent chaque année plus d’élèves. Cette année-là, 136 élèves ont passé leurs examens ordinaires, l’un en milieu d’année scolaire, l’autre à la fin.

L’une des préoccupations du conseiller est de parvenir à rehausser le taux de fréquentation de l’école. Celui-ci baisse drastiquement au retour du printemps, avec le surcroît de travaux à la campagne. Pour lutter contre ce fléau, le Conseil met en œuvre comme mesure incitative des visites hebdomadaires en classe par un membre de la commission des classes accompagné du curé, pour s’enquérir des absences et rappeler au devoir les parents négligents ou les enfants adeptes de l’école buissonnière ! Et apparemment cette méthode porte ses fruits. Lors de ces visites, une liste circule portant le nom de chaque élève accompagné de 4 colonnes : présence, application, diligence et bonne conduite. S’ensuit l’éloge avec encouragements ou le blâme avec réprimandes…les effets sont, semble-t-il, excellents !

Le conseiller passe ensuite en revue les matières d’enseignement : Catéchisme diocésain, Histoire sainte ou histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament, Lecture, Ecriture, Grammaire et orthographe, Arithmétique, Musique (facultatif).

Certaines branches d’enseignement détonnent quelque peu d’avec nos programmes scolaires actuels, mais d’autres classiques demeurent immuables. Et les punitions ? Rassurez-vous, selon le rapport, l’usage de la férule est très rare, les réprimandes devant l’ensemble de la classe, lors des visites hebdomadaires, semblent être plus efficaces que toutes les autres sanctions. Quant aux jours de congés, les élèves sédunois du XIXe siècle sont assez chanceux… point de mercredi après-midi, mais deux après-midis, les mardis et jeudis. Ils fréquentent cependant aussi l’école le samedi.

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion