1380

Cession d’un terrain par l’évêque à la Bourgeoisie de Sion

Sion et la Sionne...une histoire au long cours

La Sionne, au cours parfois tumultueux, joue bien des tours aux Sédunois. Au XIVe siècle, en 1346, plusieurs mesures sont prises par le vidomne, chargé, au nom de l’évêque de l’administration de la ville, pour tenter de faciliter son écoulement, comme par exemple le rehaussement de plusieurs ponts. Ont-elles été appliquées et ont-elles été efficaces ?

En tous les cas, le 21 novembre 1380, sollicité par les représentants des bourgeois de la cité, Willermodus Burrodi, notaire, Perrodus Magi, Johannes Porterii et Johannes Ambrosii, l’évêque Edouard de Savoie accepte généreusement de leur venir en aide. En effet, les bourgeois se plaignent auprès de lui des destructions et des dommages causés par le cours de la Sionne, son impétuosité et ses crues soudaines. Celle-ci ne parvient pas à se frayer un chemin pour sortir de la ville et rejoindre le Rhône, en raison de l’accumulation de pierres, sable et terre. Favorable à leur supplique, l’évêque leur cède tout son « glaret » du lieu-dit « Mussiour de Glaviney jusqu’à la porte du Rhône, et jusqu’au Rhône ». Il s’agit d’un terrain inculte et de peu de valeur, dont les confins sont mentionnés, notamment avec l’ancien cours de la rivière. Ces indications suggèrent que la Sionne a elle-même choisi son nouveau parcours et que tous, y compris les plus hautes autorités, doivent se plier à sa volonté !

Le bourgeois Willermodus Burrodi est d’ailleurs autorisé par l’évêque à élever sur le terrain en question une barrière ou digue, afin de protéger son verger des débordements de la Sionne, si nécessaire.

La scène se déroule dans le château de la Majorie, en présence des témoins suivants : Guillelmus Chabodi, Mermetus de Bossonens, maître Martin, le barbier de l’évêque, et le notaire Johannes Panicii de Saint-Rambert, venu du diocèse de Lyon, qui lève l’acte au nom de la chancellerie du Chapitre.

Le sceau épiscopal de cire rouge, où se distingue nettement la croix de la famille de Savoie, authentifie cette cession, contre 3 muids de vin acquittés une fois pour toute et 12 deniers de service annuel. La Sionne n’a cependant de loin pas fini de faire l’objet des préoccupations des habitants de la ville de Sion.

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion