1830

Liste de médicaments destinée aux pharmaciens

La lutte contre l’épidémie s’organise…

« Les drogues que messieurs les pharmaciens doivent se procurer en suffisance» ne sont autre chose que la liste des médicaments ou des ingrédients nécessaires à leur fabrication, dont il faut constituer des réserves, sans doute destinées à l’hôpital géré par la Bourgeoisie de Sion. En toile de fond, la volonté de se prémunir et de lutter contre une terrible épidémie de choléra, sévissant à travers le monde dans les années 1830. En sus de la liste des médicaments que les pharmaciens de la ville de Sion et du canton du Valais doivent avoir à disposition, plusieurs autres mesures sont mises en place, afin d’éviter l’apparition et la propagation du choléra. Ainsi, à l’échelle cantonale, sont créées des commissions de santé dans chaque dizain et sous leur responsabilité, dans les conseils communaux, des commissions de santé, chargées de veiller à l’exécution au niveau local de toutes les mesures de salubrité publique prescrites. Sur le plan cantonal, est également créé, en 1834, un Conseil de santé qui exerce sa surveillance sur tous les médecins, chirurgiens, pharmaciens et sages-femmes.

A Sion, l’on dresse des listes de personnes vulnérables qui devront être plus particulièrement surveillées, en raison de leurs moyens de subsistance limités, de la promiscuité et de l’insalubrité de leur logement, ainsi que des listes de personnes pouvant faire office de garde-malades ; l’on rédige des rapports sur l’état de propreté et les mesures à prendre pour assurer l’assainissement des différents quartiers, sur des travaux à entreprendre pour supprimer les « cloaques » ; le bourgmestre et le Conseil de la ville de Sion promulguent des règlements et ordonnances visant toujours à instaurer la salubrité de la ville.

Revenons à la fameuse liste de médicaments...

Les herbes médicinales bien connues encore de nos jours, telles que la camomille romaine, les fleurs d’arnica et de sureau, la mélisse, la menthe, la guimauve, la valériane, y côtoient des plantes tantôt exotiques comme les racines de colombo ─ plante à tiges grimpantes originaire d’Afrique ─ ou le célèbre opium, tantôt énigmatiques comme les racines de salep ─ une espèce d’orchidée difficilement identifiable ─ ou la serpentaire de Virginie ─ une sorte d’aristoloche venue d’Amérique. L’usage d’autres substances est de nos jours abandonné en raison de leur toxicité. C’est le cas de l’éther sulfurique ou du calomel, forme naturelle minérale du chlorure de mercure. D’autres produits de la liste pourraient sembler surprenants dans nos pharmacies modernes comme les sangsues valant 2 louis, mais qu’on se rassure « à l’indigence sera fait un rabais » !

Anne Andenmatten, archiviste de la Bourgeoisie de Sion